Qualité de l'eau : décryptage

Étape fondamentale, l’état des lieux 2019 du bassin Rhin-Meuse livre de précieux enseignements sur la qualité des eaux, leurs sources de dégradation et les émissions de substances toxiques... 

État des cours d'eau

Ce sont 27% des cours d’eau du bassin Rhin-Meuse qui affichent un bon état écologique, soit un gain de 1 point par an. De nets progrès pour les rivières, grâce au ciblage des actions financées, ont été constatés depuis 30 ans sur les paramètres physicochimiques. Plus de la moitié des cours d’eau (55%) sont aujourd’hui au rendez-vous vis-à-vis des macropolluants (contre 49% en 2013). En parallèle, les experts ont identifié les facteurs limitant la dynamique d’amélioration : phosphore (surtout pour les cours d’eau en milieu rural), pesticides agricoles et pics de nitrates localisés sont pointés du doigt. Les conditions météorologiques défavorables de ces 3 dernières années (et qui risquent de perdurer) associées à des pratiques culturales en mutation (retournement de praires) n’offrent par exemple plus les conditions optimales au cycle naturel d’absorption de l’azote par les cultures.

Tableau montrant l'amélioration de la qualité de l'eau du bassin Rhin-Meuse

Rouge : mauvaise état - Orange : état médiocre - Jaune : état moyen - Vert : bon état - Bleu : très bon état
(Paramètres généraux de l’état écologique sur un échantillon de 164 stations de suivi)

De nets progrès pour les polluants domestiques mais des performances insuffisantes en milieu rural

55% des masses d’eau sont en bon état au regard des macropolluants et témoignent de l’efficacité des investissements réalisés en matière d’assainissement ou de réduction de la pollution classique industrielle. 27% des masses d’eau (cf graphique ci dessus) restent dégradées par des rejets urbains par temps de pluie.

De manière globale, 28% des cours d’eau sont en bon état écologique, avec une progression de 5 points en 4 ans. Ceux classés en état moyen sont peu éloignés de l’objectif. Les facteurs limitant : le phosphore qui stagne, les pics de nitrates et la généralisation des pollutions par les pesticides.

2 300 km de cours d’eau restaurés depuis 2013

Pour le bilan de santé des cours d’eau du côté de leur hydromorphologie (état du lit mineur et majeur), une forte progression a été constatée (58% impactés en 2013 contre 45% aujourd’hui) démontrant que les travaux de renaturation, restauration particulièrement ambitieux engagés ces 10 dernières années ont produit leurs effets. 

 

Vers des rivières plus naturelles et plus vivantes

Changement climatique comme trouble-fête

De manière plus globale, la multiplication des alertes liées au changement climatique est soulignée. Par exemple, en septembre 2019, les débits les plus bas jamais observés pour la Moselle à Uckange (57) illustrent très nettement l’impact du phénomène sur les disponibilités quantitatives des ressources en eau, et ce, même si une baisse des prélèvements est constatée. Les conséquences en découlant sont multiples : moindre dilution, fragilisation du fonctionnement des cours d’eau, remise en cause d’activités consommatrices d’eau …

Nitrates, décryptage illustré

Les conditions défavorables durant 3 printemps consécutifs (2016-2018) et le développement des cultures de céréales , notamment sur d'anciennes prairies, on engendré des rendements plus bas et erratiques. L'azote, n'étant pas consommé par les plantes, ruisselle alors dans les cours d'eau et provoque une augmentation des nitrates.

évolution de la concentration en nitrate dans les rivières du bassin Rhin-Meuse entre 1971 et 2019

Protection des captages, des résultats positifs

Pour les eaux souterraines (19 entités), l’état des lieux met en exergue que 9 d’entre elles sont en mauvais état qualitatif : généralisation des pollutions dues aux phytosanitaires ou dégradations plus localisées pour les nitrates sont les deux principales explications. Néanmoins, des signaux positifs sont relevés. En effet, à la suite du déploiement de programmes d’actions ciblés (la bonne action au bon endroit) sur les aires d’alimentation en eau des captages prioritaires, des baisses rapides et spectaculaires ont été constatées sur 56% des captages cibles, soit 2 fois plus que sur l’ensemble des autres captages. Ces résultats justifient la poursuite de cette dynamique  pour rattraper le retard.
Seule la nappe des Grès du Trias inférieur (secteur de Vittel) est toujours identifiée en déficit quantitatif. Mais les experts attirent l’attention sur d’autres secteurs où ils relèvent des  pressions  significatives  et notamment sur la nappe d’Alsace.

Substances toxiques, une problématique très vaste

Pour les substances toxiques (métaux, pesticides, HAP…), dont 69 ont été ciblées par la Directive cadre sur l’eau en vue de leur réduction, le bilan est en demi-teinte. Pour les substances dont la source est identifiée, des actions de réduction voire de suppression ont pu facilement être mises en place, c’est notamment le cas pour le zinc, cuivre, mercure d’origine industrielle. A contrario, quand les sources sont d’origine multiple et diffuse (agriculture, rejets de stations d’épuration, ruissellement des surfaces imperméabilisées…), les résultats ne sont pas au rendez-vous. Par ailleurs, pour certaines molécules notamment d’origine atmosphérique, les experts reconnaissent le manque de moyens d’intervention du fait de la difficulté à agir à la source des émissions.

 

Les toxiques sont loin d’être fantastiques

Micropolluants

tableau présentant les quantités de micropolluants sur le bassin du Rhin et sur le bassin de la Meuse

En quantité, ce sont les métaux qui sont le plus émis.

Tableau présentant la toxicité des micros polluants

Du côté de la toxicité, on retrouve les HAP et des molécules de pesticides.